Bonjour à tous,
Je sais, vous l’attendiez ce guide d’achat et je me décide à le poster maintenant car dans quelques jours, de nombreuses commandes vont partir et le choix des brucelles est très important. Important pour plusieurs raisons. D’une part, les brucelles sont un peu le prolongement des mains de l’horloger, d’autre part, leur acquisition représente un budget très important, pour ne pas dire le plus important.
En effet, comptez une petite dizaine de brucelles pour commencer, on arrive vite à 200/300€.
A travers ce guide, je vous donnerai les informations nécessaires au choix de vos brucelles, notamment en vous aidant à déchiffrer les nombreuses références existantes (numérotation et lettrage), sachant qu’il doit bien exister plus d’un millier de références de brucelles sur le marché.
Introduction : une brucelle ? des brucelles Définition : On donne le nom de brucelles (toujours au pluriel), à une sorte de petite pince, éventuellement munie d'un ressort, utilisée pour des travaux de précision. On retrouve les pinces brucelles dans de nombreux domaines où la dextérité humaine et l'usage des doigts trouvent leurs limites : l'industrie horlogère, où une grande précision est requise (par exemple pour accéder et saisir certaines pièces fragiles et/ou petites en mécanique, etc.) (source : wikipédia).
En somme, on pourra définir une paire de brucelles par les parties qui la composent, c'est-à-dire son corps et surtout ses pointes. Dans ce guide, je ferai surtout référence à la marque Dumont notamment pour les lettrages ou autres détails, car les brucelles Dumont sont une véritable référence en matière de brucelles dans l’univers horloger. Egalement parce que chaque marque a ses propres références et que toutes les référencer serait un casse-tête sans nom. Ce guide a pour vocation d'apporter une première approche.
1. Les matières On trouve différents types de matières constituant les brucelles, aussi nombreuses que variées, chacune présente des avantages mais également des inconvénients. C’est la raison pour laquelle l’horloger dispose souvent d’une collection pléthorique de brucelles.
-
L’acier carbone : l’acier carbone a la propriété d’être très dur et résistant. Il est souvent conseillé de prendre des brucelles aux spiraux (n°5) en acier carbone pour travailler le spiral. En effet, ses pointes très dures permettent une manipulation optimale. Cet avantage est à nuancer car il appartient à chacun d’apprécier ou non travailler avec telle ou telle matière.
Les désavantages de l’acier carbone sont que, d’une part, l’acier est sensible à la corrosion (rouille), et, d’autre part, il n’est pas anti-magnétique ;
-
L’acier inox: comme son nom l’indique, ce type d’acier est résistant à la corrosion, résistant aux températures élevées (env. 400°C), mais est plus tendre que l’acier carbone;
-
L’acier anti-magnétique : mis en avant pour ses propriétés anti-magnétiques (à 80%), résiste moins bien à la corrosion que l’acier inox, est également moins dur que ce dernier. Il peut en revanche être stérilisé à 270°C (milieu médical) et résiste également à des températures de 400°C;
-
Les aciers spécifiques : Dumoxel ou Dumostar, sont des alliages développés par la société Dumont. Ils ont pour propriété d’être résistants à la corrosion, anti-magnétique (à 95% pour le Dumoxel), stérilisables (pour le Dumostar) et résistent aux acides les plus courants.
-
Le titane : il présente plusieurs avantages majeurs. Son poids (-40% par rapport à l’inox), sa flexibilité, ses propriétés anti-magnétiques à 100% et sa résistance aux hautes températures (430°C). Le matériau est moins dur que l’acier inox. Un critère à prendre en compte également : son prix, flirtant avec la centaine d’euros.
-
Le laiton/bronze/nickel : qui ont la propriété d’être anti-magnétiques à 100%, ne s’oxydent pas et marquent peu les pièces manipulées. Choisir entre le laiton, le bronze et le nickel est un choix personnel (sensation au toucher, poids, etc.).
-
Le bois : les brucelles en bois sont généralement en acier inox avec des pointes en bois interchangeables. Le bois a la propriété de marquer encore moins les pièces que les brucelles en laiton, on l’utilisera par exemple pour travailler avec des pièces en matériau mou (maillechort, or, etc.).
-
Les plastiques : les brucelles tout en plastique à 2€ font parfaitement l’affaire pour changer les piles. Leur propriété isolante est la caractéristique recherchée. D’autres brucelles existent en acier inox avec des pointes interchangeables en Delrin (polymère également connu sous les appellations acétal, POM, polyoxyméthylène, polyformaldéhyde ou polyacétal).
2. La numérotationToutes les brucelles d'horloger comportent un numéro qui renvoie à la finesse de leur pointe ou à leur forme.
Voici les numéros les plus courants et d'autres plus spécifiques à certaines formes de brucelles. Cette échelle est indicative et ne peut servir de référence.
La multiplicité des formes et finesse des pointes est telle qu'il est difficile de les résumer en quelques lignes. De plus, les fabricants de brucelles précisent que les pointes peuvent différer (très légèrement) de la référence de leur catalogue car il s'agit d'un produit manufacturé (fini à la main). Enfin, cette échelle est tirée du fabricant Dumont, certains numéros exclusifs seront donc introuvables sous d'autres marques.
N°0 jusqu'à 00 : Pointes fortes, forme Genève
N°1 : Pointes fortes
N°2 : Pointes fortes (moins fortes que les n° 2), une 2A a des pointes rondes.
N°3 : Pointes fines
N°4 : Pointes extra-fines
N°5 : Pointes super-fines (5A a par exemple des pointes obliques)
N°6 : Pointes en forme de crochet
N°7 : Pointes en forme de faucille
N°8 : Forme spéciale (plate et épaisse) pour redresser les pivots
N°9 : Forme spéciale pour courber les spiraux de Bréguet (le numéro après 9/ donne la grandeur)
N°10 : Forme spéciale pour courber les spiraux de Bréguet (le numéro après 10/ donne la grandeur)
N°11 et 12 : Pointes fines pour pièces délicates (le 11 est souvent associé aux brucelles en nickel)
N°13 : Pour équilibrer les balanciers
N°14 : Enlever et tenir les aiguilles
N°15 : Marquer les spiraux
N°23,24,25 : Pour vis et fourchettes
N°27 INC : Spécial Incabloc
N°45,46,49,51,53,54,55 : Formes spéciales ou corps léger
N° 60,70,191 : Pointes coupantes, avec bagues de serrage et pour tenir les vis
3. Le lettrageLa numérotation de la finesse et de la forme des brucelles est complétée par un lettrage permettant d'élargir les possibilités.
Avec les mêmes précautions que pour la numérotation, le lettrage peut être propre à une marque et la standardisation ne pas se retrouver d'une marque de brucelles à l'autre.
A : Pointes fortes, forme épaisse
AA : Pointes fortes, forme fine
F : Pointes larges et carrées
GG : Pointes fortes, forme aiguisée
H : Triangulaire
L : Pointes super-fines avec bagues de serrage
P et PP : Pointes fortes, forme allongée
S et SS : Pointes fines, corps fin
L5/15 : Pointes fines pliées à 15°
N : Brucelles négatives (en appuyant on ouvre les pointes)
M : Fines ou extra-fines, elles ont la particularité d'être extra-courtes (70mm)
Pour compléter les éléments ci-dessus, ceux-ci sont, comme répété à plusieurs reprises, des éléments propres à Dumont qui peuvent (ou non) différer selon les marques. En revanche, l’intérêt réside dans le fait qu’on comprend mieux la multitude de références de brucelles possibles.
4. Les marques de brucellesIl existe, comme pour tous les autres équipements horlogers, de nombreux concurrents. La référence horlogère en matière de brucelles : Dumont. Incontesté et incontestable.
Il n’en reste pas moins que leurs concurrents proposent des produits de qualité souvent approchante voire identique. Voici quelques marques de brucelles :
- Dumont, Régine, Horotec, Fontax, Asco, Etic, Bergeon, Idealtek, Vetus, Viola, etc.
ConclusionEn conclusion, il existe autant de brucelles que d’horloger, si ce n’est plus ! Je vais simplement vous proposer une liste de brucelles qui semblent nécessaires.
Les brucelles à avoir :
-
AA ou n°1 : la AA est plus forte que la n°1, avoir les deux ne me semble pas nécessaire ;
-
n°3 : c’est bien d’avoir une deuxième paire de brucelles complémentaire, plus fine que la n°1 mais moins que les n°5 ;
-
2 x n°5 : des brucelles aux spiraux, indispensables. En avoir 2 l’est également. Une 3ème paire est même conseillée en cas de chute/casse d’une des deux paires. Acier carbone conseillé pour cette paire de brucelles ;
-
n°7 : On peut même prendre une n°7 pour faire office de cette 3ème paire de brucelles aux spiraux, qui fait à la fois complément (forme faucille) et brucelles de secours (aux spiraux) ;
-
SS : plus longues que les autres brucelles et très fines. Idéales pour manipuler les contre-pivots ;
-
F : brucelles aux aiguilles, indispensables (permet également de redresser les roues) ;
-
P5/B5/S5 laiton/bronze ou 11 (nickel) : au choix et selon la sensation de chacun, c’est pas mal d’en avoir au moins une de l’un ou l’autre ;
-
Plastique : qu’elles servent à leur rôle premier (changer les piles) ou à manipuler le barillet, des brucelles en plastique, ça coute 2€ et c’est toujours utile !
En somme, on s’en sort avec, au minimum (conseillé), 9 brucelles. Ça fait beaucoup, c’est sûr, mais c’est important
Quant aux marques choisies, à vous de voir. Dumont, Horotec, Régine, chaque marque a ses points forts et ses points faibles, mais comme pour les tournevis, ce sera la façon dont vous affuterez vos pointes de brucelles qui sera le plus important
Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit à tous !
Votre dévoué Président,